Rimbaud, Rachmaninov et Füssli
Petite anthologie poétique du dimanche IX
C'est encore dimanche, mais il était temps ! Le lien entre les oeuvres d'aujourd'hui n'est peut-être pas évident, il est assez personnel en fait. Je vous propose donc le poème de Rimbaud "Le Mal" issu des Poésies.
Tandis que les crachats rouges de la mitraille
Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ;
Qu’écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu ;
Tandis qu’une folie épouvantable, broie
Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ;
— Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie,
Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !…
— Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées
Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or ;
Qui dans le bercement des hosannah s’endort,
Et se réveille, quand des mères, ramassées
Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir !
Pour illustration musicale, un des Moments musicaux de Rachmaninov, peut-être mon préféré s'il fallait choisir.
Et enfin, pour tableau, Das Schweigen de Füssli, qui évoque la dernière strophe du poème peut-être, et plus encore mon état en le lisant et en écoutant ce morceau !