Aloysius Bertrand, Arcimboldo et Kreisler
Petite anthologie poétique du dimanche II
C'est dimanche ! Alors aujourd'hui, je vous propose un poème de saison d'Aloysius Bertrand :
Quand le raisin est mûr, par un siel clair et doux, Dès l'aube, à mi-coteau, rit une foule étrange C'est qu'alors dans la vigne et non plus dans la grange, Maîtres et serviteurs, joyeux, s'assemblent tous.
À votre huis, clos encor, je heurte. Dormez vous ? Le matin vous éveille, élevant sa voix d'ange : - Mon compère, chacun, en ce temps-ci, vendange. Nous avons une vigne : eh bien ! vendangeons-nous ?
Mon livre est cette vigne, où, présent de l'automne, La grappe d'or attend, pour couler dans la tonne, Que le pressoir noueux crie enfin avec bruit.
J'invite mes voisins, convoqués sans trompettes, À s'armer promptement de paniers, de serpettes. Qu'ils tournent le feuillet : sous la pampre est le fruit.
Pour illustrer ça, je propose tout simplement l'Automne d'Arcimboldo. Ce personnage aux joues rebondies m'évoque la jovialité des vendanges, mieux que les tableaux de Bruegel ou que les gueuseries du XVIIe où les paysans sont caricaturés.
Enfin, pour la musique, un petit morceau plein de joie de vivre : Schön Rosmarin de Fritz Kreisler.